diplômé de Centrale, de Sciences-Po et d’Harvard, Conseil en transition Ecologique ,et auteur lauréat du Grand Prix du Jury du Prix TURGOT pour son ouvrage « Microcapitalisme» paru en 2017 (PUF)  

                                                                    

 L’ Observatoire 318 pages  20 euros

L’Abondance est restée longtemps comme rien d’autre que l’un des grands mythes de l ’Humanité. L Depuis la nuit des temps, la réalité quotidienne de la condition humaine était plutôt faite de Rareté et l’exigence de la survie alimentait largement les préoccupations de tous les instants :
l’abondance c’est l’assurance de ne pas connaitre la disette, la malnutrition, mais la logique de « la Corne d’ abondance » voudrait qu’elle soit  satisfaite  par une juste et maitrisée quantité de production. 

Par son génie, les découvertes, les innovations et les progrès qu’il a su entreprendre, l’être humain a su s’offrir une entrée dans ce pays de Cocagne : Il a appris « à mieux exploiter les terres, à repousser la faim et le froid  , à accéder à l’ instruction et à inventer la  Société de consommation et de loisirs .. »

.Comme l’avait pu  imaginer dès 1930  le grand Maître John Meynard Keynes : « le problème  économique peut être résolu d’ ici cent ans , disait –il … ainsi l’homme pourra pour la première fois depuis sa création faire face à ce problème : Comment occuper cette  liberté arrachée aux contraintes économiques, comment occuper les loisirs que la  science et les intérêts composés auront conquis pour lui.. de manière agréable  sage  et bonne ? .. mais nous ne pourrons voir  venir l’ère de l’oisiveté et de l’ abondance sans  craintes .. car nous avons été  entrainés pendant trop longtemps à faire ..effort et non à jouir … ».

Si  la mondialisatio- globalisation  nous a permis d’oublier largement nos peurs primitives                        « .. disparaître , manquer , souffrir. » ,  elle en a fait naître de nouvelles en même temps qu’ apparaissaient de nouveaux  défis  en termes,  d’égalité , de solidarité ,de protection de l’environnement et des ressources  de la Planète… des problèmes de riches, en  effet  ,mais pas  seulement !!

 Certes nous travaillons de moins en moins , nous vivons de plus en plus longtemps , ,les prix baissent,  l’argent bon marché coule à flots ,les ressources minières contrairement à une idée reçue ne  sont pas rares  et l’accès aux biens élémentaires progresse  ,bien qu’ encore  trop lentement ,partout  dans le monde  … . L’humanité n’a jamais été aussi riche  ,ce qui a autorisé  cette réflexion du  Président Obama : « ..si vous aviez à choisir  n’importe quel moment dans l’ histoire pour naître , sans  savoir vos conditions de naissance , vous choisiriez maintenant.. »

 mais l’ Abondance n’évite pas les  crises..  et François- Xavier Oliveau en met  trois principales en lumière :

– la  crise de la Terre : « … Nous avons réussi ce paradoxe de  rendre abondantesdes ressources finies.. » .. mais les sols sont endommagés et pollués par la façon dont nous les exploitons et les océans abriteront bientôt (2050) plus de plastiques que de poissons…                                                            
….l ‘écosystème est en souffrance.

– la seconde  crise est  celle de l’ Argent : la monnaie coule à flots mais  le monde est surendetté  , et c’est la richesse des mieux nantis qui,  à travers la  ,valorisation des actifs progresse le plus ; tandis que les inégalités s’accroissent et qu’une partie de l’ humanité reste dans la précarité relative.

 Troisième crise ,celle de l ‘Homme : De sa place dans la société par le travail , face au télétravail , à l’intelligence artificielle, aux  robots ; la peur de la fin du  travail ,et/ou de la perte de  sa  « valeur »   se  substitue à nos peurs primitives : une  crise à la fois économique et morale est devant nous.

l’auteur propose des éléments de réponse pour traiter ces  trois crises majeures  , simultanées ,aux enjeux  immenses ,qui font peser le  risque de voir basculer une frange entière de la population dans le  déclassement et la révolte ..confère les Gilets  jaunes  . Dans ces analyses très fines économiques , sociologiques  et sociétales, parfaitement  documentée ,  marquées de l’ empreinte de la pensée de «  l’ingénieur » ,l’auteur  identifie les mécanismes de l’abondance et propose de nouveaux outils à mettre à l’œuvre pour l’apprivoiser :

 « .. la principale  révolution est mentale.. elle  consiste  à  regarder de façon  radicalement différente les  concepts ancrés dans nos inconscients liés aux  temps de la  rareté, avec le travail , l’inflation la  déflation ,la croissance  etc.. »  .  le fil d’Ariane de  ses  propositions  s’appuie  sur  une logique  constante  : il faut  distribuer l’ abondance : Un dividende monétaire ( donner de l’argent à tous ) , «..  une idée invraisemblable mais une histoire sérieuse.. » qui  s’inscrit sur une ligne voisine de la théorie de la » monnaie hélicoptère « et par extension  de celle du «  revenu universel » :  il  s attache  méticuleusement et de  façon  très convaincante à en lever les principales objections , financières et  morales   par ce  raisonnement nouveau , celui de  d e l’ abondance, qui  succèderait radicalement à celui de la  rareté. C’est une urgence , considère l’ auteur  « ..car le situation politique et sociale dans les pays  riches aura tout   d’une poudrière .un  tel  creusement des  inégalités( et la crise de la Covid  l’ a  accentuée)° ne peut qu’ alimenter tous les  délires , toutes les tentations populistes.les élites  qui auront laissée progresser une situation injuste , faute  d’avoir compris les  règles de l’ abondance, seront  rejetées.. ». la  crise de l’ abondance exige  d’en  déduire des politiques radicalement nouvelles.

 Dans  ce nouvel et stimulant  essai,  François – Xavier OLIVEAU  apporte de la  rationalité ,  dans une approche rigoureuse « d’ingénieur » , sur un sujet qui le plus souvent prête le  flan à  toutes formes  de dogmatismes , politiques ,  économiques ou moraux. Il  rejette à la  fois l’idée « ..  d’une impossible croissance infinie » et  d’une  décroissante mortifère ,en  esquissant les grandes lignes  d’une  troisième voie  celle  d’une gestion  plus juste et plus  intelligente de l’abondance. « ..la pression sur les prix liée à la crise de 2020 appelle à la mise  en place des  dispositifs   d’injection monétaires . La première Banque Centrale qui osera le faire sera…rapidement copiée par les autres, sous un format ou sous un autre , l’injection monétaire directe s’étendra alors rapidement et deviendra la brique de base des politiques monétaires au XXIe siècle. » immanquable pour tous public      

Jean-Louis CHAMBON  Président du Prix TURGOT